Comme il est d'usage, je me dois de faire mon retour sur mon édition 2023 de Paris Web. Commencons pas quelques réflexions générales.

Cette année, c'était piste unique... et j'avais un peu peur d'y trouver moins d'intérêt...mais c'était sans compter sur les informelles. En effet, j'ai beaucoup aimé, après une conférence, pouvoir continuer d'échanger en petit comité. Finalement, je me suis retrouvé tout aussi frustré que les autres années, sauf qu'il ne s'agissait pas de choisir entre 2 salles mais de choisir entre une conférence et une informelle. Pour être tout à fait honnête, je dois aussi avoué que j'ai loupé les conférences du début d'après-midi de vendredi... j'ai choisi de profiter de la proximité de l'Institut Pasteur avec la Fédération des Aveugles de France pour y aller avec 2 collègues et, même si ce n'était plus ni la piste officielle, ni la piste informelle, c'était quand même encore un peu Paris Web. Le Off de Paris Web.

Comme l'an dernier, j'ai pas mal tooté sur Mastodon, cela m'a facilité la tâche, aujourd'hui pour vous rédiger mon retour (c'était déjà le cas l'an dernier, et les années d'avant, mais sur X/twitter, quand X/twitter était encore fréquentable...). Je suis content de constater un peu de plus de vie sur Mastodon cette année :)

Chaque année, les sujets évoluent. Ça parle toujours d'accessibilité, et je ne serais pas de ceux qui critiquent ce point, mais ça parle de plus en plus d'éco-conception, sur un mode de plus en plus concret, ça parle peut-être moins de technique, mais plus d'expériences. J'aime aussi, comme tous les ans, les conférences qui sont un peu à côté, ou les conférenciers qui s'autorisent à être plus militants. L'époque nécessite et justifie une certaine radicalité. Et puis... je dois avouer que plus le temps passe, et plus ce sont les rencontres qui m'intéressent le plus. Je continue, évidemment, d'apprécier les conférences, et d'y apprendre... mais la richesse de Paris Web, c'est aussi, clairement, l'humain. #ShareTheLove

Mes Coup de ❤️ 2023 ?

L’IA et le handicap : progrès ou exclusion ? accessibilité

Par Thanh Lan Doublier et Emmanuelle Aboaf | Voir les slides

TL;DR : Les IA peuvent être utiles, mais avec des humains pour co-créer et éviter (corriger) les biais.

C'est toujours une bonne idée d'aller voir les conférences parlant d'accessibilité à Paris Web, et c'est toujours une bonne idée quand Paris Web débute sur une conférence parlant d'accessibilité. Une conférence très intéressante, et très documentée.

Cette conférence fait un état des lieux, bienvenue, à la fois des technologies d'intelligence artificielle et du handicap, avant de montrer par de nombreux exemples comment l'IA pourrait être utile, mais aussi pourquoi l'IA peut poser problème.

Je retiens notamment que les IA sont entrainées par des humains, et sur du matériel produit par des humains, et ont donc tendance à souffrir de biais tristement humains. Mais je retiens aussi que, sans que ce soit suffisant, les IA peuvent être utilisées pour gagner du temps, par exemple en fournissant rapidement un transcription textuelle, transcription qu'un humain pourra alors corriger.

Enfin, la conférence se termine sur une citation qui rappelle qu'il faut co-créer pour ne pas biaiser.

Nothing about us without us


Liens utiles

  • KEIA, une startup française qui propose de traduire automatiquement en Langue des Signes Française (LSF) via un avatar en 3D
  • Seeing AI, une application développée par Microsoft permettant de décrire automatiquement l’environnement qui nous entoure.
  • Be My Eyes et son copilote IA (bêta). Be my Eyes est une application qui met en relation les personnes aveugles et malvoyantes et les bénévoles. Les bénévoles fournissent, via un appel vidéo, une assistance visuelle aux utilisateurs et utilisatrices aveugles et malvoyants. Ils proposent maintenant, avec GTP-4, un nouvel outil Virtual Volunteer qui serait capable d’analyser le contexte et de proposer une réponse comme le ferait un bénévole humain.
  • Emoface, une IA capable de reconnaître les émotions.
  • Wiseone, une IA qui se propose de simplifier les textes compliqués.

Web et décroissance : vers un web « stationnaire » ? Green IT

Par Maxime Bréhin | Voir les slides

TL;DR : l'éco-conception, ce n'est pas mesurer la consommation en CO2 d'une page, et tâcher de la réduire... c'est une démarche bien plus globale à appliquer.

La conférence était riche et intéressante... tant que je n'ai pas eu beaucoup le temps de tooter mais je vais tâcher de faire appel à ma mémoire.

En 2023, il est évident que la planète va mal, et il est évident que le numérique contribue aux excès de notre société. Le numérique est, dans nos imaginaires en tout cas, grandement dématérialisé. Et pourtant, en 2019, le numérique aurait consommé 10 à 15 % de l'électricité mondiale. En fait, le problème ne se pose même pas qu'en terme énergétique, il est plus large. Le numérique, ce sont des devices, c'est à dire des matières premières mobilisées, et du CO2 émis pour les produire.

D'aucuns sont persuadés que la technologie pourrait être une solution... mais c'est de moins en moins sûr.

Nos sites qui sont de plus en plus obèses, nos applications qui nécessitent de plus en plus de puissance... tout cela contribuant à encourager le renouvellement précoce de nos équipements, alors même que l'essentiel de l'impact du numérique est constitué de la production de ces équipements. Il est nécessaire de changer les choses, d'imaginer une décroissance numérique. Je retiens qu'il vaut mieux une décroissance maitrisée qu'une récession subie.


J'ai également assisté à une informelle à la suite de cette conférence. J'y ai glanné encore quelques informations et réflexions supplémentaires.

Nous avons notamment discuté low-tech, un mouvement qui encourage à utiliser des technologies utiles, accessibles et durables. Il ne s'agit pas d'être technophobe mais d'être technocritique. Questionner les besoins, questionner les technologies.

On a aussi parlé de XR, mêmesi c'était incidemment : si le réchauffement climatique encourage à refuser les modèles politiques et sociétaux qui ont échoué, il en est de même pour la technologie. Une forme de radicalité est nécessaire.


Liens utiles

  • EcoInfo, un site du CNRS pour une information éco-responsable. Objectif : agir vers la sobriété numérique
  • La permaentreprise, un modèle d'entreprise visant à créer de la valeur mais en prenant soin à la fois des humaisn et de la planète, en se fixant des limites et en partageant les richesses produites. Bref, un modèle viable pour un futur vivable.
  • Libérer le temps, un hors-série du magazine Socialter.

CSS Viewport Units v2 : on pousse encore plus loin la réactivité intégration

Par Josiane Makelele | Voir les slides

TL;DR : Nous avons besoin des nouvelles unités de viewport (mais il est trop tôt pour les utiliser si vous vous refusez à des fallback JS ou à privillégier Chrome.)

Une conférence qui amène bien son sujet : Quelles sont les unités actuelles ? À quels besoins ne répondent-elles pas ?

Intéressant... mais je ne suis pas en accord avec certaines des solutions proposées. À quoi bon une solution si elle nécessite une bequille en JS ou si elle ne fonctionne que pour un moteur de rendu ? Que ce soit webkit ou chrome. Je comprends qu'on joue avec, pour être prêts le jour où... mais dire que le support est bon car cela marcherait pour 80% des internautes ne me parait pas juste. Fermer la porte à 1 personnesur 5, ce n'est pas acceptable.

Je ne suis pas sûr que ce soit l'avis de l'oratrice, je ne l'espère pas... mais ce qui est sûr c'est que je suis resté sur un sentiment mitigé.

Cabinets de conseil en SI et numérique responsable, incompatibles ?

Par Charlotte Grivot et Gaëtan Robine

TL;DR : Le rôle d'une agence conseil, c'est de donner des conseils.

Je travaille peu avec des agences... mais l'agence mc2i semble avoir une démarche intéressante sur le numérique responsable, et sur l'accompagnement de ses clients sur ce sujet.

WCAGmire Coup de ❤️

Par Adrian Roselli | Voir les slides

TL;DR : Les WCAG sont compliquées à manipuler car c'est un outil nécessaire mais pas suffisant pour concevoir accessible.

J'aime beaucoup Adrian Roselli, je suis un fidèle lecteur de son blog... et j'ai, logiquement, beaucoup aimé sa conférence.

Les problèmes les plus courants ont été abordés : la notion de pertinence, le problème de la mesure...

Je ne vous en dit pas beaucoup plus, j'étais trop captivé pour tooter.

Le contenu doit être rédigé de la manière la plus claire et la plus simple possible : les textes dans l’accessibilité numérique accessibilité Coup de ❤️

Par Morgane Hauguel

TL;DR : les rédacteur sont souvent peu sensibilisés à la problématique de la complexité des textes et des conséquences en terme d'accessibilité, mais des solutions existent.

Tour d'horizon des diférentes solutions, en France et ailleurs, pour répondre au besoin de clarté et de lisibilité des textes, un critère présent dans les WCAG.

Ont été abordés le FALC et autres méthodes, mais aussi les outils de mesure de la complexité d'un texte pour s'assurer de son adéquation avec son public, et ce qu'on peut faire pour améliorer les choses.

La fin de l’Empire des Dark patterns ? Le RGPD contre-attaque ! privacy Coup de ❤️

Par Harmonie Peynot | Voir les slides

TL;DR : les données recueillies doivent être minimisées, l'information sur cette collecte doit être clairement donnée, et la possibilité d'accepter ou de refuser doivent être traitées à égalité.

J'avais déjà beaucoup apprécié Harmonie l'an dernier... hé bien, cette année encore, c'est un coup de cœur.

Tour d'horizon des méthodes plus ou moins malhonnêtes pour recueillir indûment le consentement des visiteurs aux traceurs.

Mention spéciale pour l'idée qu'un dispositif de recueil du consentement qui ne serait pas accessible ne serait alors pas conforme au RGPD. J'espère qu'elle fera tâche d'huile.


Harmonie a mentionné un jeu, le voici : Terms and Conditions Apply. Arriverez-vous à ne pas accepter les conditions ? Pour la part, j'ai réussi à ne les accepter que 4 fois.

ARIA, the good parts accessibilité Coup de ❤️

Par Hidde De Vries | Voir les slides

TL;DR : WAI-ARIA is an ontology for accessibility meta information.

Vous connaisez la première règle d'ARIA ? C'est Don't use ARIA.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que si des éléments HTML standards existent, il vaut mieux s'y tenir que de jouer à l'apprenti-sorcier avec ARIA. Néanmoins, parfois, il est légitime d'y avoir recours.

Cette présentation explique pourquoi on en a besoin, quand et comment l'utiliser, et dans quels pièges il est important de ne pas tomber.

C'était passionant, donc je n'ai pas eu le temps de tooter beaucoup... mais j'ai noté cette distinction entre navigation et menu qui me parait de la plus grande importance.

Ah, si, j'allais oublier de le mentionner... et pourtant c'est important : les captures d'écran dans les slides ont été faites avec Firefox... et ça, c'est bien !

Écoconception web, et si ça ne suffisait pas ? greenIT

Par Richard Hanna

TL;DR : Il faut arrêter de parler efficience et mesure de la consommation, mais repenser complétement nos services numériques. Ça se passe sur l'ensemble du cycle de vie, c'est une démarche globale

Une conférence étonnante, sans slides. J'ai beaucoup apprécié le début... mais la fin m'a quelque peu perdu. Je reste sur l'impression d'une réflexion intéressante, lucide et construite... et j'ai pu noter quelques idées clés.

Il faut arrêter de parler recyclage des déchets électroniques. On sait les traiter, et c'est déjà ça... mais on ne sait pas les recycler (l'idée avait déjà été abordée le matin d'ailleurs).

Un constat qu'on avait également déjà fait plus tôt : le problème n'est pas forcément la consommation lorsqu'on consulte un site, ou qu'on utilise un app, mais les conséquences dex choix techniques des développeurs et intégrateurs qui pourraient créer une forme d'obsolescence précoce des matériels.

Conclusion, il faut arrêter de parler efficience et mesure de la consommation, mais repenser complétement nos services numériques. Ça se passe sur l'ensemble du cycle de vie, c'est une démarche globale.

Comment démarrer une démarche d'éco-conception ?


Encore une conférence prolongée d'une informelle

Une remarque en forme de boutade... mais qui pourrait en pousser certains à s'interroger...

Nous créons l’inaccessibilité accessibilité Coup de ❤️

Par Delphine Malassingne

TL;DR : Le web est une technologie qui devrait favoriser l'inclusion, mais nous sommes tous validistes (car la société l'est) et c'est à nous de changer.

C'est peut-être ma conférence préférée cette année. Je pensais ne pas trop en apprendre sur ce sujet je suis depuis 15 ans. Encore une fois, je me trompais. L'approche de Delphine est particulièrement pertinente : la société est validiste, il faut en avoir conscience pour faire le choix de l'inclusion, et développer accessible.


Du coup, encore une informelle !

Beaucoup de sujets abordés : Comment nommer ? (avec des nuances selon les langues, et les contextes) Comment créer l'empathie ? (surtout pas les duo day)...

Le guide du jardinier de l’accessibilité numérique : choisir les meilleures graines pour la faire pousser et l’entretenir accessibilité

Par Arnaud Delafosse et Lena Chandelier | Voir les slides

TL;DR : l'inaccessibilité est souvent un problème de méconnaissance, semons les graines qui permettront de concevoir accessible.

Une approche légale, technique et humaine. Intéressant, comme le sont souvent les retours d'expérience... mais je n'ai pas appris grand chose... je n'étais sans doute pas le bon client ;)

Quel est le meilleur composant pour améliorer l’efficience d’une saisie de date ? UX

Par Sébastien Chalmé et Émilie Dumaine

TL;DR : un champ date peut convenir pour une date proche, une champ texte, enrichi au besoin, est plus efficace pour une date lointaine.

Une conférence dont je ne pensais pas qu'elle m'intéresserait... et pourtant, c'était passionant (décidement, je me suis beaucoup trompé cette année).

Retour d'expérience de la Maif qui se questionne sur l'expérience de ses utilisateurs pour saisir des dates, proches et/ou lointaines, sur desktop et/ou sur mobile.

J'ai toujours été convaincu qu'une date d'anniversaire n'est pas une date mais je n'avais pas poussé la réflexion jusqu'à cette opposition date proche/date lointaine... et pourtant c'est bien cela le problème.

J'ai particulièrement apprécié l'explication de la méthodologie UX et la prise en compte de l'accessibilité numérique, dès la conception et lors des tests.

RGESN : retour d’expérience sur sa prise en compte par les métiers du Web Green IT

Par Christophe Clouzeau

TL;DR : le RGESN est plus complexe à utiliser, et à intégreer, que le RGAA... mais c'est une démarche interessante qui gagneait à être plus et mieux connue.

Retour sur les premières utilisations du Référentiel général d'écoconception de services numériques (RGESN).

Je pensais en apprendre plus... mais peut-être que ma veille n'est pas si mauvaise finalement... Cette conférence était, néanmoins, intéressante.

En conclusion

Une organisation au top, comme d'habitude. Paris Web, ce sont des gens passionnés, et passionants, et de bonnes ondes de partout qui ne peuvent que vous rebooster. Rendez-vous l'an prochain et, en attendant, cultivons nos compétences, sensibilisons un maximum de gens à l'accessibilité et entamons notre révolution pour intégrer l'éco-responsabilité dans nos organisations et nos projets. #ShareTheLove