Le roman commence en 2029. L’Amérique est en faillite, elle s’effondre sous le poids de sa dette. Le dollar perd son rôle central de monnaie de réserve et de référence pour les échanges commerciaux, remplacé par le « bancor », une nouvelle devise élaborée par la Chine et la Russie (j’ai découvert après ma lecture que le bancor n’est pas une invention de Lionnel Shriver mais une proposition datant du sommet de Bretton Woods !). Le Président Alvarado refuse tant la nouvelle devise que la perte d’influence qu’elle représente, il dénonce unilatéralement la dette Étasunienne, interdit toute entrée de bancor et toute sortie de dollars (de toute manière plus personne n’en veux hors des US) et réquisitionne l’or de particuliers.

La crise qui s’ensuit est sans précédent et n’épargne personne. Elle engloutit les fortunes familiales, entraîne une inflation sans précédent et une insécurité grandissante qui confine rapidement au chaos dans les grandes villes.

On va suivre les 4 générations de la famille Mandible tout au long de cette crise. De nombreux personnages qui donnent une bonne idée générale des réactions diverses face à cette situation inédite.

  • Douglas, l’Arrière Grand Homme, celui qui détient la « fortune » des Mandible… mais est rapidement ruiné. Il vit avec sa seconde femme, Luella, plus jeune que lui mais qui a perdu la tête depuis déjà bien longtemps.
  • Ses enfants, eux-mêmes déjà âgés :

    • Carter dont la relation avec son père va évoluer à l’aune de la disparition de cet héritage,
    • et Nollie, la tante émigrée en France, ex. auteure (quand on imprimait encore des livres et qu’on les vendait encore) qui doit revenir car les américains ne sont plus guère les bienvenus ailleurs,
  • Ses petits enfants, et leurs familles :

    • Avery, habituée à son confort, aux épiceries fines, aux traiteurs… dont le mari est professeur d’Économie et, cruelle ironie, spécialiste de la dette.
    • Florence et Esteban, son compagnon. C’est presque plus simple pour eux car ils ont toujours galèrés pour joindre les deux bouts. Ils en ont plus l’habitude.
    • Enfin, Jarred, le tonton devenu récemment fermier. Sa reconversion qui étonnait tant n’est finalement pas une mauvaise idée en tant de crise.
  • Ses arrières petits enfants, la dernière génération : Willing, le fils de Florence, et Savannah, Goog et Bing, les enfants d’Avery.

Les caractères des uns et des autres, et les relations entre eux, sont complexes. Bref, tout cela est assez crédible et le livre comporte beaucoup d’humanité. Certains se dévoilent dans l’adversité, et la solidarité de clan, chez les Mandible en tout cas, n’est pas un vain mot.

Je ne vous dévoilerais pas toute l’intrique mais je vous dirais que je l’ai trouvé vraiment intéressante. Je préciserais juste que :

  • J’ai trouvé excellente l’idée du Mexique qui construit un mur pour empêcher les immigrés américains de passer la frontière ;)
  • J’ai trouvé pénible, mais crédible, ce manque de solidarité inter-générationnel qui fait payer les jeunes pour maintenir les prestations des seniors.
  • J’ai trouvé flippante la manière dont les citoyens américains se font « pucer » pour dématérialiser la monnaie. Flippante car ce n’est finalement que l’aboutissement de l’évolution, sociétale et légale, actuelle qui nous fait nous résigner à perdre peu à peu la valeur notre vie privée.

Fiction anticipatrice ou dystopie ? En tout cas, j’ai vraiment accroché et je me suis laissé emporté par l’histoire !


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Couverture du livre Les Mandible : Une famille, 2029-2047
Titre
Les Mandible : Une famille, 2029-2047
Auteur
Ma note
5 sur 5 étoiles